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Clotilde Bizolon : Maman des poilus, oui ; mère lyonnaise, non

 

Parmi les œuvres commémoratives du centenaire de la fin de première guerre mondiale, en voici une particulièrement originale. Elle a été installée en 2018 à l'angle de la rue Jeanne d'Arc et de la rue Saint-Isidore dans le 3e arrondissement de Lyon(*). Associer dans un même hommage les carburateurs Zénith, Clotilde Bizolon et Marie Curie, voilà qui est peu commun, mais tous trois ont effectivement apporté leur contribution à la victoire.  Dommage cependant que le prénom de la Maman des poilus ait subi une entorse orthographique qu'on retrouve dans de nombreux articles la concernant : elle s'appelait Clotilde (sans h) Thévenet, épouse Bizolon.

 

(*) le lieu s'appelle d'ailleurs Place des Poilus

Photos : Richard Bonneville (un clic pour agrandir)


À Lyon, la mémoire de Clotilde Bizolon fait l'objet d'une attention toujours vivace. Des livres lui ont été consacrés, des sites internet aussi comme celui-ci particulièrement riche et bien documenté :

 

 http://lamerebizolon.com/


Plaque à la mémoire de Madame Bizolon, gare de Perrache (photo : Michel Locatelli)
Plaque à la mémoire de Madame Bizolon, gare de Perrache (photo : Michel Locatelli)

 

 

Dans la gare de Perrache, pas loin de l'endroit où était implanté sa baraque à l'enseigne "Le déjeuner du soldat", une plaque lui est dédiée.

 

Sa tombe au nouveau cimetière de la Guillotière est bien entretenue et chaque année fleurie par les élus municipaux.

 

Une allée des Halles Paul Bocuse porte son nom. Mais attention de ne pas confondre la Maman des Poilus et les célèbres Mères lyonnaises qui se sont fait un nom dans la haute gastronomie. La cuisine de Madame Bizolon devait être des plus simples.

Tombe de la famille Bizolon au nouveau cimetière de la Guillotière (photos : Gisèle Chapiron)


Une rue du 2e arrondissement porte le nom de Clotilde Bizolon, mais ce n'est pas dans cette rue qu'elle a vécu, même si ce n'était pas très loin. On connaît l'adresse précise de son domicile : 5 rue Henri IV. Difficile d'imaginer aujourd'hui ce qu'était la vie dans ce quartier, et le drame effroyable qui s'est joué en ce lieu le 29 février 1940*.

 

* Voir à ce propos la réaction d'un de nos adhérents dans les commentaires ci-dessous

5 rue Henri IV, avril 2019 (photos : Michel Locatelli).

 

Clotilde Bizolon tenait une modeste boutique de lacets et pantoufles dans l'ancienne échoppe de cordonnier de son mari. Jusqu'à sa mort, des soldats et anciens combattants venaient souvent s'y retrouver dans une sorte de bistro improvisé. D'après de vieux habitants de l'immeuble, la boutique de Madame Bizolon se trouvait à l'emplacement du magasin de soins esthétiques "Podium Beauty" et comportait une pièce en entresol.


Page titre du roman de Sylvie Feyeux, fort justement signalé par Jean-Marc Grange, où l'on retrouve la figure de Madame Bizolon .
Page titre du roman de Sylvie Feyeux, fort justement signalé par Jean-Marc Grange, où l'on retrouve la figure de Madame Bizolon .

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Commentaires: 3
  • #1

    FROLON Josette (jeudi, 25 avril 2019 11:31)

    Bonjour,

    Superbes ces statues sur l'espace public (Merci Richard) ....et pourquoi pas aussi celle de notre cher SOUFFLOT dans le paysage lyonnais.

    Josette




  • #2

    Grange Jean-Marc (jeudi, 25 avril 2019 22:08)

    « Difficile d'imaginer aujourd'hui ce qu'était la vie dans ce quartier, et le drame effroyable qui s'est joué en ce lieu le 29 février 1940. »
    Pas tant que çà ! …
    Pour ceux qui veulent en savoir plus sur la vie dans ce quartier et l’histoire de Clotilde Bizolon voir le roman de Sylvie Feyeux (1998) « PETIT MONDE de la rue Henri IV » «Chronique Lyonnaise d’entre deux guerres » qui va de mars 1915 (décès de son fils) à mars 1940 (son assassinat)
    Jean-Marc
    P.S. J’envoie un scan du livre par courriel

  • #3

    Michel Locatelli (samedi, 04 mai 2019 20:21)

    Merci d'avoir signalé ce livre qui est paru en 1998 aux éditions Mémoires des Arts. C'est un roman certes, mais bien documenté et souvent émouvant. La figure de Madame Bizolon apparaît en filigrane tout au long de cette histoire qui porte bien son sous-titre "Chronique lyonnaise d'entre deux guerres". On peut encore se procurer ce livre, à la FNAC par exemple.