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La (petite) sœur ainée de Lugdunum

Vue Générale : St-Just de Valcabrère au 1er plan, St-Bertrand au sommet de la colline et le piémont pyrénéen
Vue Générale : St-Just de Valcabrère au 1er plan, St-Bertrand au sommet de la colline et le piémont pyrénéen

 

Peut-être connaissez-vous la cathédrale de Saint-Bertrand de Comminges et la basilique voisine de Saint-Just de Valcabrère en Haute-Garonne ? Toutes deux inscrites au Patrimoine Mondial de L’UNESCO au titre des chemins de St-Jacques de Compostelle (chemin d’Arles), elles laissent apparaitre de nombreux réemplois d’éléments antiques et des ruines au pied de la colline de Saint-Bertrand.

 

C’est que le site a vu en 72 avant JC la fondation par Pompée d’une ville nouvelle, "Lugdunum Convenae", qui signifie colline du dieu Lug des Convènes, c'est-à-dire "gens venus de toutes parts", d’où vient Comminges. Développée par Auguste qui la rattache à la province d’Aquitaine, elle occupait une superficie de 36 ha pour une population estimée entre 5 et 10 000 habitants.

 


Deux campagnes de fouilles se sont étalées entre 1921 et 1969 puis en 1985 et en 2005. Seule une partie du patrimoine antique est visible aujourd’hui : 

  • Le théâtre : adossé à la colline, il a servi de carrière de pierre et ne subsistent donc que quelques vestiges de couloirs d’accès et de gradins. Le mur de scène a entièrement disparu.
  • Les thermes : l’eau était acheminée par un aqueduc de 3 kms et alimentait trois thermes. Ceux du nord permettent de voir la palestre, la succession traditionnelle des bains chauffés par le sol et les égouts collecteurs évacuant les eaux usées vers la Garonne.
  • Le macellum (marché) : édifié près de la place centrale de la ville, avec ses 69 m de long et 26 m de large, c’est le plus grand marché connu des provinces occidentales de l’Empire romain. Il comportait une cour centrale autour d’un bassin et des galeries couvertes abritant de petites boutiques.

La présence chrétienne remonte au IVe siècle et les premières mentions d’un évêque au Ve. Prospère jusqu’aux invasions vandales (409) et rasée par les Francs en 585, la ville tombe dans l’oubli jusqu’au XIe quand l’évêque Bertrand de l’Isle-Jourdain – futur Saint-Bertrand - construit une première cathédrale romane qui sera remaniée à l’époque gothique par Bertrand de Got (natif de la proche Guyenne, élu pape en 1305 sous le nom de Clément V) puis à la Renaissance.

 

Outre le site antique, Saint-Bertrand de Comminges vaut vraiment le voyage pour :

  • Sa cité médiévale : la ville haute protégée par des remparts percés de trois portes avec ses maisons à colombages du XVIe siècle, son ancien palais épiscopal…
  • La cathédrale Sainte-Marie : édifiée entre le XIe et le XIVe siècle, remarquable pour ses stalles du XVIe siècle, richement sculptées, son orgue d’angle également du XVIe, rénové en 1970 et pièce maitresse du festival annuel du Comminges, le mausolée de Saint-Bertrand du XVe avec ses façades peintes et enfin par son cloître doté de chapiteaux richement décorés, d’une galerie romane et de trois galeries gothiques dont l’une ouverte sur le piémont pyrénéen lui donnant une atmosphère toute particulière…
  • La basilique Saint-Just de Valcabrère. Construite au XIIe sur l’emplacement d’une nécropole païenne puis cimetière paléochrétien, originale par ses nombreux réemplois de fragments d’architecture (chapiteaux, colonnes, bénitier…) et d’éléments sculptés (inscriptions, frises, décors…) de la ville antique. Un programme de fouilles est en cours depuis 2016 sur le site de la nécropole.

Texte et photos : Philippe Raucoules


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Commentaires: 2
  • #1

    Gremilly Pierre (jeudi, 13 août 2020 20:46)

    Très intéressant, merci Philippe

  • #2

    Jean-Pierre Philbert (lundi, 17 août 2020 10:54)

    Belle cité effectivement, mise en lumière début juillet par Stéphane Bern sur le petit écran. Il y a une troisième cité ainsi nommée, la Lugdunum Batavorum, cité des Bataves, à la limite du limes sur le Rhin, en Hollande actuelle...
    Amicalement,
    Jean-Pierre